Episode 44

June 16, 2022

00:46:36

#44 - Morale et droit, Charles Gave replace la GPA et l'euthanasie dans la modernité

#44 - Morale et droit, Charles Gave replace la GPA et l'euthanasie dans la modernité
L'économie expliquée par mon père
#44 - Morale et droit, Charles Gave replace la GPA et l'euthanasie dans la modernité

Jun 16 2022 | 00:46:36

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Show Notes

Dans cette capsule un peu hors des chemins habituels de l'économie, Charles et Emmanuelle Gave traitent tout d'abord de la distinction entre la morale et le droit.

Abélard (1079-1142) est resté dans l’histoire un peu pour les mauvaises raisons qui furent surtout celles de ses amours avec la belle et savante Héloïse. On oublie que sa contribution au développement de la pensée occidentale fut essentielle : formidable logicien, il mit en lumière une distinction fondamentale qui allait permettre, à terme, la séparation entre l’Église et l’État. Selon Abélard, il existait une distinction essentielle entre le crime et le péché. Le crime n’existait que s’il était reconnu par la loi. Nulla crimen sine lege (pas de crime qui ne soit reconnu par la loi) disait déjà le droit Romain et il était donc du ressort de la puissance publique de le punir et de l’empêcher puisque tout crime est destructeur de l’ordre social.

Le péché, en revanche, ressort de la morale privée et il revient à Dieu de le punir. Chacun doit s’en repentir tout en essayant d’en corriger les effets par ses actions ultérieures.

Il revient par conséquent à l’État de punir le crime, mais en aucun cas de sanctionner le péché. Aux yeux de la puissance publique, une action peut être un crime sans représenter un péché, tandis qu’un péché aux yeux de l’Église peut ne pas être du tout un délit aux yeux de la société.

Cette distinction essentielle au fonctionnement de toute démocratie, et qui n’existe pas dans le monde musulman par exemple, est à l’origine philosophique directe du protestantisme d’abord, et des Lumières ensuite. Curieusement, elle est complètement antinomique avec la pensée macroniste ou socialiste qui essaie sans cesse de réintroduire la notion d’une morale collective opposée fort logiquement à la loi. Que le lecteur se souvienne, à cet égard, de la formule de François Mitterrand, mentionnant « la force injuste de la Loi ». Opposer la loi à la justice, c’est réintroduire au cœur de la démocratie la préférence pour une morale collective, voire une religion. À travers ce genre de discours, on perçoit bien que le socialisme ou le macronisme ne sont rien d’autre qu’une religion cherchant toujours, au nom d’une morale collective, à s’immiscer dans des transactions d’ordre privé.

Dans un état de droit la « morale » n’existe pas. Seule existe la légalité.

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